DECES DU MINISTRE KOUARO YVES CHABI

 

Une mort plus évocatrice que tragique pour le Bénin !

Feu KOUARO Yves Chabi, ancien ministre de l'Enseignement secondaire 

 

L’accident tragique survenu le jeudi 20 février 2025 et qui a coûté la vie au ministre de l’Enseignement Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle, Yves Kouaro Chabi, à l’entrée de la ville de Parakou, aurait été évité si certaines mesures avaient été prises. Pour rappel, cet accident est survenu au moment où ce haut cadre béninois se rendait à Parakou sans grand cortège digne de son rang pour une mission républicaine.
Les circonstances de son décès révélées par la police républicaine, soulèvent moult questionnements dans les esprits surtout en ce qui concerne certaines interdictions faites par le Chef de l’Etat Patrice Talon à son avènement pour mettre fin à certaine pagaille et pour réduire les dépenses liées aux missions des personnalités politiques.

 

En effet, avant l’investiture du président Patrice Talon en 2016, l’usage des véhicules prioritaires à caractère politique et administratif, qui se distinguent sur les voies par leurs gyrophares, était à la mode. Mais, depuis sa prise de fonction, suite à l’usage abusif que certaines autorités politiques en faisaient, le chef de l’Etat a instruit lors du conseil des ministres du 13 avril 2016, le ministre de l’Intérieur à actualiser l’arrêté réglementant l’utilisation des gyrophares et sirènes. Selon le site d’information Banouto, l’actualisation dudit arrêté a été effective et co-signée par le ministre de l’Intérieur, et celui des Transports, puis rendue publique quelques jours plus tard. D’après cet arrêté, “les véhicules autorisés à faire usage de gyrophare sont : ambulances, escorte présidentielle ou officielle, véhicules de secours des sapeurs-pompiers, véhicules spéciaux de la sécurité d’État, véhicules d’intervention des forces de défense et de sécurité, véhicules de transport de détenus ou prévenus spéciaux, véhicules de transport exceptionnel, véhicules de convoyage de transport exceptionnel et les véhicules de transport de fonds.” 

 

Depuis lors, il est rare de voir des autorités circuler avec de grands cortèges ou avec des sirènes qui perturbent parfois la tranquillité des paisibles citoyens bien que cela soit une prérogative légale pour ces dernières. Cette décision inédite du chantre de la rupture visait à ramener au même pied d’égalité les autorités politiques ainsi que les autres usagers de la route en ce qui concerne l’observation du code de la route. Tenant au respect scrupuleux de sa volonté, le chef de l’Etat a rappelé cette décision à ses collaborateurs lors du conseil des ministres du mercredi 11 octobre 2023, a fait savoir la même source. Mais, le locataire du palais de la Marina, en prenant cette décision, était loin d’imaginer qu’elle serait fatale à l’un de ses collaborateurs. Si on s’en tient au rapport fait par la police républicaine, Il aurait suffi que le véhicule transportant le feu ministre soit doté d’une sirène ou d’un gyrophare pour lui éviter ce triste sort. Car, même de loin, le véhicule venant en sens inverse et celui se trouvant devant céderaient le passage sans hésitation pour permettre à l’autorité de passer. A défaut d’une sirène ou d’un gyrophare, un motard en sentinelle devant le cortège ministériel, frayerait le chemin pour le ministre en mission sur Parakou.

 

De même, ce drame révèle une fois encore l’utilité de l’aéroport de Tourou.  Si cette infrastructure routière était fonctionnelle, elle servirait au transport aérien de ces personnalités pour plus de sécurité et de confort au cours de leur mission sur le nord du pays. Ce qui leur ferait gagner en temps et en efficacité. A tout cela s’ajoute l’épineuse question de l’excès de vitesse sur les routes du Bénin. Certes, l’interdiction de l’usage de sirène et de gyrophare a mis fin à une pagaille qui s’observait dans un passé récent. Mais, il va falloir revoir cette décision lorsqu’il s’agit des voyages des personnalités politiques sur de longue distance. De surcroît, rendre opérationnel l’aéroport de Tourou serait salutaire pour les autorités politiques qui craindront moins pour leur vie lors de leur voyage sur le nord.

 

Mais en attendant, le peuple béninois en général et en particulier la famille de l’ancien ministre des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle, continuent de pleurer Kouaro Yves Chabi sacrifié sur l’autel des errances du passé d’un pays en pleine construction.

 

Emile SINGBO (Stg)

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