MISE EN GARDE DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR ET DE LA SÉCURITÉ 

 

Un appel à l'élimination facile des présumés malfrats ?

 

.  Alassane Séïdou fait plus peur aux populations qu'aux policiers !

 

 

Au lendemain de l'ouverture des enquêtes autour du meurtre du jeune Fayçal Ouorou à Parakou, le ministre de l'intérieur et de la sécurité, Alassane Séïdou a rencontré le haut commandement de la police républicaine. Au cours de cette rencontre, l'autorité ministérielle a procédé à la mise en garde des policiers qui seront reconnus auteurs de meurtre « d'honnêtes citoyens ». Mais cet appel du ministre Alassane semble sonner une banalisation du sort des présumés malfrats aux mains des agents de la police républicaine.

 

« Désormais un agent qui va se rendre coupable de la mort d’un honnête citoyen, doit pouvoir en répondre. On va lui appliquer la sanction maximale », confiait le ministre Alassane Séïdou après avoir échangé avec le haut commandement de la police républicaine. Ce qui est comme une mise en garde à l’endroit des policiers zélés qui sur le terrain se croit tout permis. C’est un cri pour certainement inviter tous les policiers à plus de professionnalisme afin de préserver l’image de cette police qui se veut communautaire surtout en matière de production de la sécurité. 

 

Mais, quand le ministre précise « la mort d’un honnête citoyen », on se demande ce qui en sera des autres, c’est-à-dire des citoyens qui se retrouveraient dans une position de présumés malfrats. Voudra-t-il dire que si un agent de la police se rend coupable de la mort d’un citoyen jugé de malhonnête, le flic n’aura rien à craindre ? Dans un pays où la peine de mort est abolie, cette précision du ministre Alassane Séïdou prête à confusion et mérite d’être clarifiée. Sinon, elle pourrait être perçue comme une autorisation implicite des exécutions extra-judiciaires qui constituent de graves violations des droits de l’homme dans un contexte où de nombreux corps sans vie criblés de balles sont récemment découverts dans plusieurs communes du pays sans que la cause de leur mort ne soit pas encore élucidée.  

 

Il urge alors de repréciser cette mise en garde d’Alassane Séïdou sans quoi des agents de la police pourraient se rendre coupables de bavure sous prétexte que les victimes ne seraient pas d’honnêtes citoyens. Ce qui donnerait libre cours à toute sorte de bavure pour peu que ce prétexte soit évoqué. Or, nul n’ignore que même en cas que flagrant délit, la présomption d’innocence est un acquis jusqu’à la condamnation au terme d’un procès dans les conditions légales. 

 

Edouard ADODE  

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