SUPPOSE TELECHARGEMENT D’UN 3E MANDAT : De l’hallucination politique ou une crainte légitime ?
19 août 2024SUPPOSE TELECHARGEMENT D’UN 3E MANDAT
De l’hallucination politique ou une crainte légitime ?

Selon la constitution, Patrice Talon qui égrène les derniers mois de son second mandat à la tête du Bénin n’a plus de possibilité de se présenter à une élection présidentielle. Sur la question, il a lui-même corsé davantage la disposition constitutionnelle qui existait avant son avènement au pouvoir à travers la révision de l’article 42 de la constitution qui fait déjà école ailleurs. Mais de plus en plus, allusion est faite à un troisième mandat pour justifier certains faits et gestes du pouvoir de la rupture. Cette hypothèse est souvent évoquée par l’opposition mais parfois aussi susurrée au sein de la mouvance loin des cercles officiels. Alors, on se demande s’il ne s’agit pas d’une hallucination en vue de l’animation de la vie politique du pays.
Comme à chaque fin de mandat, il subsiste dans l’esprit de bon nombre de béninois qu’en 2026, Patrice Talon ne laissera pas le pouvoir. Malgré toutes les garanties que le chantre de la rupture a données pour rassurer qu’il n’outrepassera pas les limites fixées par les pères de la démocratie béninoise, tout semble encore flou dans la tête de certains de ses concitoyens qui ont de la peinent à croire. Au sein de l’opposition, c’est même une question qui revient régulièrement dans le débat et presque tous les actes de gouvernance du président Patrice Talon sont facilement reliés à un éventuel téléchargement d’un troisième mandat.
Mais tous semblent perdre de vue l’alinéa 2 de l’article 42 nouveau de la constitution du Bénin qui dispose qu’« en aucun cas, nul ne peut, de sa vie, exercer plus de deux mandats de président de la République ». Cette nouvelle formule est d’ailleurs revendiquée par Patrice Talon qui se targue d’avoir doublé ainsi le système de verrouillage de la limitation des mandats au Bénin. Ce qui implique que pour forcer un troisième mandat il devra impérativement procéder à une autre révision de la constitution pour sauter ce verrou. Ce qui est quasiment impossible quand on sait que l’opposition détient une minorité de blocage au sein du parlement. D’aucuns dans leur conjecture entrevoient que Patrice Talon pourrait tenter la révision de la constitution avec la prochaine mandature de l’Assemblée nationale qui sera installée quelques trois mois avant la fin de son mandat.
Ainsi, pour l’opposition, cette question semble traduire une crainte légitime face à Patrice Talon qui n’a pas pu faire du mandat unique « une exigence morale ». Cette crainte semble encore plus légitime face au mystère qui entoure la question du dauphin au sein de la mouvance. Une crainte plus renforcée par les propos de certains ténors de la mouvance qui semblent trahir un secret de couvent. C’est donc peut-être une stratégie de veille pour l’opposition afin d’éviter la surprise.
La Rédaction