LUTTE CONTRE LE TERRORISME : Anicet Gnahoui invite à plus d’attention aux victimes
22 août 2024LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Anicet Gnahoui invite à plus d’attention aux victimes
. Une réflexion marquant la célébration de la Journée internationale du souvenir en hommage aux personnes victimes du terrorisme
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Le 21 août de chaque année est dédié à la journée internationale du souvenir en hommage aux personnes victimes du terrorisme. Elle a été promulguée par l'assemblée générale de l'Onu, le 19 décembre 2017, sur recommandation du Conseil des droits de l'homme (résolution 72/165). A l’occasion de cette célébration de cette année, le jeune leader 1er jumeau Anicet David Gnahoui, Sociologue-Médiateur dans les Actions de Développement, Directeur des Stratégies de l’Organisation Internationale des Jeunes Promoteurs de la Paix (OIJPP), Consultant Indépendant et membre du groupe de travail Femmes, Jeunes, Paix et Sécurité du Bénin et de la Coalition Nationale Jeunes, Paix et Sécurité du Bénin, a été reçu par le média Le Grand Regard. Voici l’intégralité de l’interview que l’ancien membre du parlement des jeunes béninois a accordée à notre rédaction.
La Rédaction
Le Grand Regard : Selon vous, quels sont les enjeux liés à cette question du terrorisme et quelles en sont les conséquences ?
David 1er Jumeau : Bonjour Le Grand Regard !
Je tiens à rendre hommage à toutes les personnes, civiles ou militaires, qui ont été victimes du terrorisme dans le monde, en Afrique et plus particulièrement ceux de la sous-région et du Bénin. Leur courage et leur résilience doivent nous inspirer à agir. La Journée internationale du souvenir en hommage aux victimes du terrorisme constitue un moment crucial pour réfléchir et honorer ceux qui ont été touchés par les actes de terrorisme. Proclamée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 19 décembre 2017, sur recommandation du Conseil des droits de l'homme (résolution 72/165), cette journée a pour objectif de sensibiliser le public à l'importance de lutter contre le terrorisme et de soutenir les victimes ainsi que leurs familles. La première célébration de cette journée a eu lieu le 19 août 2018, visant à rendre hommage aux victimes et à promouvoir la solidarité envers ceux qui ont subi les conséquences du terrorisme.
Le terrorisme représente un enjeu majeur pour le Bénin et l'Afrique de l'Ouest, où des pays comme le Nigéria, le Burkina Faso et le Mali ont connu une forte augmentation des attaques terroristes ces dernières années. Selon le rapport du Global Terrorism Index 2022, l'Afrique de l'Ouest a enregistré une hausse de 50 % des attaques terroristes entre 2019 et 2021 (source : Global Terrorism Index, 2022). Au Bénin, bien que la situation soit relativement stable, des incidents récents dans la région de la Pendjari et dans certaines communes Nord ont mis en lumière la vulnérabilité du pays face à cette menace. Il est important de noter que le Bénin ne parle pas encore de terrorisme, mais plutôt des attaques perpétrées par des Individus Armés Non Identifiés (IANI). Permettez-moi donc de m’aligner sur cette position officielle pour opiner car plusieurs signes peuvent indiquer la présence de menaces terroristes. Parmi ceux-ci, on observe des attaques armées, notamment dans les zones frontalières, où des groupes armés peuvent s'en prendre aux forces de sécurité ou aux civils. Les prises d'otages, souvent motivées par des demandes de rançon etc. constituent un indicateur alarmant. De plus, la propagation de la peur par le biais de messages de menace ou de propagande, souvent diffusés sur les réseaux sociaux, témoigne de l'influence d'extrémistes. Les activités suspectes, telles que la présence de groupes organisés dans des zones reculées ou des mouvements de personnes non identifiées, peuvent signaler une préparation à des actes violents. Enfin, les rassemblements ou manifestations qui dégénèrent en violence, ainsi que les témoignages de la population concernant des comportements étranges, renforcent la nécessité d'une vigilance collective.
En effet, les enjeux liés au terrorisme au Bénin sont multiples. La loi n° 2018-19 sur la lutte contre le terrorisme a été mise en place pour renforcer le cadre juridique permettant de prévenir et de réprimer ces actes et en intégrant les normes internationales, notamment celles des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, le Bénin s’engage à lutter efficacement contre les menaces terroristes. Toutefois, ces enjeux ne se limitent pas à la sécurité nationale. Ils engendrent également des divisions au sein de la société, exacerbent les tensions communautaires et créent un climat de peur qui nuit à la cohésion sociale.
Les conséquences du terrorisme sont préoccupantes et touchent particulièrement les femmes et les jeunes. Les déplacements internes de populations vulnérables, notamment des femmes et des jeunes, ont augmenté, avec des milliers de personnes contraintes de fuir leurs foyers. Selon un rapport de l'UNHCR, plus de 350 000 personnes ont été déplacées à cause de l'insécurité dans la région, affectant gravement leur accès à l'éducation et aux soins de santé (source : UNHCR, 2022). La fermeture des écoles et des centres de santé en raison de l'insécurité a exacerbé la situation, privant les enfants et les familles de services essentiels.
En outre, l'abandon des champs par les paysans est une réalité alarmante, car les pièges et les armes artisanales rendent les travaux agricoles dangereux. Cela entraîne une baisse de la production alimentaire et une insécurité alimentaire croissante. L'insécurité générale a également conduit à un retard de développement, tandis que la peur des investissements dans les zones non sûres nuit à l'économie. Les entreprises hésitent à investir dans ces régions, ce qui contribue à une stagnation économique et à une augmentation du chômage (source : Banque Mondiale, 2021). Les victimes, souvent laissées pour compte, souffrent de pertes matérielles et psychologiques, ce qui nécessite une attention particulière.
En tant que Sociologue, plusieurs questions nous passent à l’esprit parce qu’il ne peut avoir de solution fiable que nous si chacun de nous ne se met à la place des populations victimes des attaques quelle que soit la forme.
Le Grand Regard : Comment pensez-vous que nous pouvons, en tant que société, mieux soutenir les victimes du terrorisme ?
David 1er Jumeau : Pour soutenir efficacement les victimes du terrorisme au Bénin, il est essentiel de mettre en place des programmes de soutien psychologique adaptés. En conformité avec la loi n° 2018-19, ces programmes doivent aider les victimes à surmonter les traumatismes qu’elles ont subis. Par exemple, des initiatives similaires en Afrique de l'Est, telles que les programmes de réhabilitation en Somalie, ont montré des résultats positifs en aidant les victimes à retrouver une vie normale (source : ONU, 2020).
De plus, il est crucial d’établir des mécanismes d’indemnisation pour compenser les pertes matérielles et immatérielles des victimes, conformément aux dispositions légales existantes. Cela permettra non seulement de reconnaître la souffrance des victimes, mais aussi de favoriser leur réintégration dans la société.
Des pays comme le Rwanda, après le génocide, ont mis en place des fonds d'indemnisation qui ont contribué à reconstruire des vies (source : Banque Mondiale, 2018).
Parallèlement, des campagnes de sensibilisation doivent être menées pour informer les victimes de leurs droits et des ressources disponibles. Cela peut être renforcé par la loi n° 2016-36 sur la promotion des droits des femmes, qui souligne l’importance de garantir l’égalité d’accès aux services d’aide. En intégrant les principes des résolutions 2250 et 1325 de l’ONU, il est également crucial d’encourager la participation active des jeunes et des femmes dans les initiatives de paix et de réconciliation. Par exemple, des programmes au Sénégal ont démontré que l'engagement des jeunes dans les processus de paix peut réduire les tensions et promouvoir la stabilité (source : PNUD, 2021).
Enfin, la collaboration avec des organisations non gouvernementales est essentielle pour développer des programmes de soutien aux victimes. En respectant les cadres légaux existants, cette approche intégrée garantira une réponse efficace et adaptée aux besoins des victimes. Des ONG comme la Croix-Rouge et Amnesty International jouent un rôle clé dans l’assistance aux victimes de conflits en Afrique, et leur expertise pourrait être mobilisée au Bénin (source : Amnesty International, 2022).
En agissant ensemble, nous pouvons créer un environnement propice à la guérison et à la réintégration des victimes, tout en respectant les droits humains et en promouvant la paix. En fin de compte, la résilience de notre société dépend de notre capacité à soutenir ceux qui ont souffert, tout en bâtissant un avenir plus sûr pour tous. Il est déjà encourageant de constater la volonté politique d'assurer la sécurité des personnes et des biens, sans oublier les efforts des institutions nationales et internationales pour soutenir les survivants ou victimes des attaques sur le territoire béninois.